Cabotage sur la riviera

Ecrit par Dominique Della Santa

Du 2 au 17 septembre 2017

La première semaine de ce mois de septembre a été calme et ensoleillée. Sans autre équipier qu’Alain, le patron, nous étions remonté la Riviera de Livourne à Gênes, mouillant successivement dans la baie de la Spezia puis devant Rapallo, tout en achevant de réparer ce qu’il y avait à réparer, et il y en a toujours… 


A la santé d’Helena ! de Portofino

Le samedi 9 septembre, changement d’équipage, mais également changement de temps. Helena accueille Vincent et Laurent, deux jeunes marins d’eau douce neuchâtelois. En fin de journée, avitaillement complété et autres lessives séchées, Jupiter gratifie l’équipage d’un véritable déluge, douche froide rapidement oubliée autour d’une table d’excellente cuisine locale.


La Riviera italienne

Dimanche, en fin de matinée, sous un ciel couvert, Helena quitte le Porto antico, destination Portofino, à environ 20 milles à l’est. Le nouvel équipage a en effet voulu profiter de la proximité de la célèbre station pour y faire un crochet. Cet ancien petit port de pêche devenu attraction touristique depuis belle lurette est encastré dans une crique à l’extrémité du promontoire qui porte son nom. En fin d’après-midi, on mouille dans une baie, un mille plus au nord. Après une fondue moitié-moitié, l’équipage y passe une première nuit plutôt calme. 


Rien de tel qu’une bonne fondue !

Le lundi, le temps est beau et chaud. Helena reste au mouillage. L’équipage partage son temps entre balades en annexe à Portofino puis à Santa Margherita (un mille plus au nord), collations et baignades. La nuit suivante est moins calme, Helena étant un peu plus ballottée que la veille. Répondant aux souhaits de l’équipage, les escales suivantes se feront systématiquement au port.

Le mardi, on lève l’ancre de bonne heure. Savona, notre prochaine étape, à quelques 45 milles plein ouest, est un port situé sur la Riviera delle palme. Le trajet s’effectue en partie à la voile sous des airs modérés souvent appuyés au moteur. Bien qu’essentiellement industrielle, Savona possède son Porto vecchio dissimulé près du centre ville derrière un pont tournant. Petite marina encombrée, Helena s’y trouve malgré tout une place à sa mesure. Après une bonne douche, l’équipage se rend en ville pour un apéro pris sur la rue dans un bistrot essentiellement fréquenté par des jeunes filles plus ou moins joliment tatouées. La soirée se termine dans une pizzeria genre fast-food, des plus bruyante. 


Helena au Porto vecchio de Savona

Le mercredi, après un capuccino et un croissant fourré pris sur le port, dès l’ouverture du pont tournant, Helena quitte Savona pour Alassio, station balnéaire renommée pour ses belles plages. Les quelques 25 milles sont parcourus le long de la côte ligure sous un ciel changeant et des airs capricieux. Ceux-ci forcissent progressivement à l’approche du port, ce qui contraint l’équipage à affaler à l’abri de l’Isola Gallinera, un mille plus à l’est. Un signe prémonitoire ? 

La marina d’Alassio est plus austère, mais Helena y est bien accueillie et c’est une place à flanc sur le débarcadère de l’entrée du port qui lui est octroyée, au grand dam des pêcheurs à la ligne qui s’y étaient installés malgré le panneau d’interdiction. La marina se situant en dehors du bourg, l’équipage s’est dégourdi les jambes un bonne demi-heure à la recherche d’une auberge. De retour au port, excellente nuit, on ne peut plus calme.

Jeudi, le plan prévoit un départ à destination de San Remo, à une trentaine de milles. Au réveil temps est beau, il y a peu de vent. La météo annonce toutefois du sud-ouest  entre 20 à 25 nœuds avec rafales jusqu’à 35 nœuds dans l’après-midi. Pas de quoi effrayer Helena. On va enfin pouvoir faire de la voile ! Toutefois, par prudence, avant de quitter le port, on remplace le génois par le yankee et on prend un ris dans la grand voile et l’artimon.


Jeudi matin, ça rigole

Sur le coup de 11 heures, l’équipage harnaché de ses cirés et autres gilets, le chef de bord à la barre, Helena quitte la marina d’Alassio. Une fois à distance de la digue, sous un ciel radieux, face a une petite brise et une mer peu agitée, on hisse l’artimon, la grand voile et le yankee. 

A peine la manœuvre achevée, sans prévenir, Eole se déchaîne avec 25 à 30 nœuds du sud-ouest. Grâce à la prise de ris préalable, on parvient à maintenir Helena au près bon plein, cap plein sud. Mais la mer se forme et on se trouve rapidement en face de vagues de plus en plus hostiles. On lâche du lest en abattant et en choquant. L’anémomètre oscille entre 35 à 40 nœuds. Le loch affiche une vitesse de 10 à 12 noeuds. 


Maîtriser la belle face aux éléments…

Par moment, le vent passe sous la barre des 30 nœuds, laissant l’espoir d’une accalmie, mais reprend de plus belle avec des pointes à 40-45 et des vagues d’un bon mètre qui commencent à déferler et à nous arroser de leurs embruns. 

Helena rechignant  à garder son cap, le barreur prend le parti de lâcher la bride et de la laisser se faire porter entre largue et vent-arrière. Le bateau retrouve alors une stabilité relative et s’élance dans de jolis surfs à une vitesse de 12 à 14 nœuds. Les équipiers sont soulagés, mais le barreur continue à veiller au grain (c’est le mot) à fin d’éviter un empannage inopiné. 

Après quelques (longues) heures de vol plané, Helena se retrouve à la hauteur de Vado Ligure. Ce port, exclusivement commercial, situé dans une baie orientée au nord-est, nous offre enfin un abri qu’on met à profit pour affaler. En fait, nous sommes à quelques encablures de Savona que nous avons quitté la veille. Nous retrouvons l’accueil cordial du Porto vecchio et la place, encore chaude, que nous avions quittée la veille.

Le bilan de notre aventure se résume à quelques montées d’adrénaline pour l’équipage. Helena, quant à elle, a prouvé, une fois de plus, ses qualités marines dans les situations délicates. En fin de compte, seul le yankee a souffert. Après une bonne douche, à l’eau douce cette fois, l’équipage repart pour un tour de ville pour finir dans une trattoria située en face de la forteresse de Priamar. Après un dernier verre de limoncello, de retour à bord, le sommeil de se fait pas attendre…


Vincent, heureux, le lendemain… 

Vendredi matin, le ciel est couvert mais Eole s’est calmé. Le programme prévoit de remettre le bateau au prochain équipage à la Marina de la Baie des Anges (Nice) le samedi après midi au plus tard. Quelques 75 milles, soit une quinzaine d’heure de navigation. A Savona, la capitainerie ne s’ouvrant qu’à 8 heures et le pont tournant qu’à la demi heure suivante, l’arrivée se fera au plus tôt vers minuit… 

Après règlement de la taxe, un autre capuccino et quelques croissants, Helena quitte son amarrage à 8 heures 30 tapantes. A la sortie du port, sous un ciel couvert, un vent du sud-est nous permet de naviguer au portant à bonne allure une partie de la matinée, puis à la voile appuyée au moteur. A la tombée de la nuit, on affale le reste de la toile pour terminer au moteur sur une mer calme.

Samedi 16 septembre à 0 heure 45, après avoir défilé devant le Rocher de Monaco et la Promenade des Anglais de Nice by night, Helena pénètre dans le port de La Baie des Anges. On s’amarre d’emblée au ponton du poste à essence qui fait office de réception. L’employé de veille nous aide à nous amarrer. Devant faire le plein de fioul le lendemain, celui-ci nous autorise à y rester pour la nuit. Helena devrait ensuite être dirigée vers la place d’amarrage qui lui a été réservée. La réservation ? Celle-ci se révèlera avoir été annulée !?

Mais ceci est une autre histoire…